Alexandre Kliaguine
Né dans une famille terrienne d'Orel, Alexandre Kliaguine est sorti diplomé de l'Institut technologique de Saint Pétersbourg en 1909. Il était considéré à cette époque comme l'un des meilleurs spécialistes en automobiles de Russie et a participé à des courses automobiles. Puis il part comme conducteur de travaux dans les steppes d'Astrakan, où il découvre des ruines, supposées être d'une capitale de la Horde d'Or. En 1910-1912 il travaille à la construction du chemin de fer du fleuve Amour, en 1912-1914 il est envoyé en France et en Belgique en tant que représentant du Ministère russe des transports afin d'étudier les meilleurs techniques du rail et d'acheter du matériel, notamment des draisines pour les chemins de fer de Fergansk et de l'Amour. La guerre de 1914 le trouve en Belgique; il part à pied pour Paris et réussit à embarquer sur le dernier bateau pour la Russie. En 1915 il dirige la construction du chemin de fer de Petrozavodsk-Soroksk et de Mourmansk. A partir de 1916 il est de nouveau envoyé en France, en Angleterre et en Belgique pour effectuer des achats de matériel à destination des chemins de fer en construction en Russie. La révolution russe le trouve en Europe et il décide de s'installer en France, où il devient le représentant de l'attaché militaire de la Russie en France, le général-major Alexis Alexandrovitch Ignatiev. En 1920 il fonde les Etablissements A. Kliaguine, sa propre affaire de chantier de rachat et de démolition de navires en Tunisie et en France. Sous l'égide de la "S. A. d'exploitation des munitions" il fournit à la Lettonie, à la Finlande et à l'Estonie les canons et munitions rachetés à l'escadre russe de Bizerte. En 1922 il devient franc macon à la loge russe "Astrée" №500, puis dans les loges "Aurore boréale" et "Jupiter". Il fait des inventions qui réussissent et s'intéresse à toutes les affaires qui valent d'être reprises. Il remet en état un paquebot qui pendant la guerre rend de grands services pour les transports en Méditerranée. En 1936 il rachète le vaisseau de ligne "General Alexeyev" qui avait fait partie de l'escadre russe à Bizerte pour offrir à l'église-mémorial orthodoxe russe de Bizerte, alors en construction, les ancres, les lustres, les marbres. Il achète un grand hotel à Paris et sur la côte d'Azur, puis achète l'usine Charabot et Compagnie à Grasse. Pendant seize ans, il a su rendre à cette affaire touchant de près la parfumerie son renom et son prestige international.
Il avait épousé en Russie en premières noces Marie Nicolaevna Kliaguine, en secondes noces en France Claire Robin, à qui il a offert en cadeau de mariage le grand hotel parisien Napoléon et dont il a eu deux enfants. Pour Alexandre Kliaguine, vie personnelle et travail étaient synonymes. Retiré de certaines de ses activités, il a écrit, sur la suggestion d'Ivan Bounine passionné par le récit de sa vie aventureuse, deux livres sur la Sibérie traduits en français que ses compatriotes considèrent comme faisant partie de la littérature russe: "Au delà de l'Oural" et "Le trésor de Mamaï". Généreux bienfaiteur, il a fourni des bourses à de nombreux étudiants et élevé plusieurs enfants issus de l'émigration. Ses dernières années ont été assombries par la maladie qui l'a forcé à vendre plusieurs de ses affaires. Il laisse le souvenir d'un homme très actif dont l'écrivain russe prix Nobel Ivan Bounine, qui avait préfacé son premier livre, disait qu'il le considérait comme un des plus doués parmi les russes.