Alexis Dimitrievich (Aliosha)
Sous le règne du Tsar Alexandre II (1855-1881), un Rom Kalderash remporte un concours de musique, il se nomme “ Dimitri ”. Dès lors, sa famille se fera connaître sous le nom de “ Dimitrievitch ”. Durant les dernières décennies du XIX è siècle, la famille voyage dans l’Empire russe. L’étamage et la chaudronnerie sont leurs métiers traditionnels, mais la grande mode “ tzigane ” les amène à multiplier les prestations musicales. Ivan Dimitrievitch, marié à une Tsigane sibérienne - Evdokia (Eudoxie) Mikhailovna - est le chef de famille. Quand les échos de la révolution de 1905 arrivent en Occident, Ivan Dimitrievitch et sa famille sont à Liverpool - comme de nombreux Kalderash - sur le point de partir pour les Etats-Unis. C’est là que naît Valia. Quand la première guerre mondiale éclate, ils sont dans les Balkans, où naît Alexis dit “ Aliosha ” à Negotine en Serbie, le plus jeune des quatre frères (Nicolas, Dimitri, Ivan et Aliosha). En 1920 ils sont en Russie et fuyant la guerre civile et la famine, partent vers l’est pour rejoindre Vladivostok. A Vladivostok, puis à Harbin Ivan monte un programme avec ses enfants, la troupe des “ Tziganes Dimitrievitch ” voit le jour. Ses quatre fils sont danseurs, acrobates, chanteurs et guitaristes, ses filles Valia et Maroussia chantent et dansent avec leurs belles- sœurs. Ils travailleront pour le cirque de Pékin, dans des restaurants à Nankin, Shanghai, Hong Kong. En 1925, ils partent au Japon, puis bientôt pour l’Asie du sud-est (Philippines, Indonésie), l’Inde, le Moyen-Orient et enfin l’Egypte, d’où ils font des excursions en Algérie et au Maroc. En 1930 ils arrivent en France. Ils se produisent à l’« Ermitage » puis au « Poisson d’or ». Dès 1934, le cinéma fait appel à eux pour recréer à l’écran le faste des nuits russes et Parisiennes. lls tourneront en 1934 dans “ Les nuits moscovites ” - film de A. Granowsky, avec H. Baur et Annabella -, et dans “ Caravane” - film d’E. Charell, avec Annabella, C. Boyer et P. Brasseur -. En 1935 ils tournent dans “ Les yeux noirs ” - film de V. Tourjansky, avec H. Baur et S. Simon ; en 1937 dans “ Raspoutine ” - film de M. l’Herbier, avec H. Baur, M. Chantal et J. Worms, et dans “ L’innocent ” -film de M. Cammage, avec Noël – Noël, M. Robinson et H. Wassiet. Durant la période estivale les cabarets ferment, alors les Dimitrievitch se produisent dans les casinos des stations balnéaires de la côte atlantique, comme ceux de la côte méditerranéenne – suivant la clientèle en villégiature. Certains membres de la troupe travaillent régulièrement pour le cirque Bouglione. En 1940, la débâcle de l’armée française et l’avancée des troupes allemandes incitent Valia, qui est mariée à un diplomate brésilien, à convaincre la quasi-totalité de la famille de partir pour Sao Paulo. Les Dimitrievitch passent deux ans au Brésil travaillant, tour à tour, pour les restaurants et les casinos de Rio de Janeiro et de Sao Paulo, puis continuent leur périple en Argentine. Mais la famille va connaître une succession de deuils. Les trois frères aînés, puis Ivan père, meurent à la fin des années quarante. Valia retourne auprès de son mari à Sao Paulo, et le suit quand il est nommé vice-consul du Brésil à Paris, en 1953. Aliosha reste en Argentine, la nécessité l’amène dans les grandes fermes argentines où il travaille comme “ gaucho ”. Sa sœur Valia, qui travaille avec sa fille Theresa et ses neveux Sonia et Stéphane depuis déjà plusieurs années à Paris, le fera revenir en France en 1960. Ils se produisent quelques temps au Tsarévitch (ancien Palata), animé par l’une des grandes héritières des nuits tziganes, Lida Goulesco, fille du chef d’orchestre Jean Goulesco. Valia est alors la vedette de la formation. En 1963, Valia et Aliosha travaillent Chez Vodka, le cabaret russe de la Grande Séverine. Joseph Kessel, qui dès les années trente avait fait la connaissance de la famille, propose en 1965 à Valia, ainsi qu’au chanteur Volodia Poliakoff d’enregistrer un disque qu’il nommera nostalgiquement « Les dernières voix tziganes ». Il est intéressant de noter qu’à cette époque Aliosha se contente d’accompagner sa sœur. Pourtant dans le petit monde des musiciens, ses interprétations forcent le respect, et étonnent. Leur musique est aussi au programme d’émissions radiophoniques. Aliosha reçoit le soutien d'un vieil ami, l'acteur Yul Brynner. Les Dimitrievitch avaient rencontré une première fois cet enfant de la haute bourgeoisie russe lors de leur exil à Harbin, puis dans le Paris des années 1930 où ils l'avaient pris sous leur protection alors qu'il survivait comme guitariste de cabaret. Yul Brynner produit pour Aliosha l'album en duo "The Gypsy and I". Marc de Loutchek, jeune musicien et chef d’orchestre Chez Vodka, aidé en cela par Francis Morane font enregistrer à Valia et Aliosha un 33 tours. Pendant cinq ans Valia et Aliosha vont travailler alternativement au Novy et au Shéhérazade. En 1970, Régine engage les Dimitrievitch pour faire l’ouverture de son cabaret russe le Réginskaïa. Enfin, en 1971 ils rentrent au restaurant Raspoutine qui sera leur dernière halte. Valia arrête de travailler en 1981, et s’éteint en 1983. Aliosha continuera de chanter jusqu’à la fin de sa vie au Raspoutine.
Aliosha est inhumé avec le Colonel de la Garde Impériale du régiment des Chasseurs Leon Leontievitch Gaponov (1886-1931) -Cadets russes.
On retrouve les sépultures de ses sœurs, elles aussi chanteuses tziganes au numéro 513 pour Valia (1905-1983) et 5381 pour Maroussia (1913-1960).
Bibliographie: - Dimitri Galitzine: "Aliocha - des Dimitrievitch aux tziganes" et "Le monde des tziganes russes à Paris"
et Wikipédia