Constantin Korovine
Constantin Korovine naît dans une famille de négociants vieux-croyants et entre à quatorze ans à l'école de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou d'abord à la section d'architecture et deux ans plus tard à celle de peinture. Il a notamment comme professeurs Alexis Savrassov, Basile Polenov et Basile Perov. Il complète ensuite ses études à l'école de l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, mais la quitte au bout de trois mois déçu par les méthodes d'enseignement.
Il voyage en 1888 et en 1894 dans le nord de la Russie et en Scandinavie avec son ami Valentin Serov ; de ce voyage sont issus plusieurs paysages intitulés Port de Norvège ; Rivages de Mourmansk ; Ruisseau de saint Tryphon à Petchenga ; Hammerfest à la lumière du nord, etc. Après plusieurs voyages en France en 1886, 1892 et 1893, influencé par l'impressionnisme, il rompt avec le style sévère et réaliste des Ambulants. En 1900, il décore le Pavillon russe de l'Exposition universelle de Paris (ses 31 panneaux sont au Musée russe de St Petersbourg) et à cette occasion reçoit deux Médailles d'or, sept médailles d'argent, l'ordre de St Stanislas-3è degré. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 28 décembre 1900. Par la suite, il enseigne à Moscou à partir de 1901 à l'école de peinture, de sculpture et d'architecture avec son ami Serov et devient le décorateur attitré des théâtres impériaux et du théâtre Bolchoï (grâce à Alexandre Gorski). Il travaille notamment avec Constantin Stanislavski. Korovine, qui a le goût de la littérature, aime également composer des récits. Il présente ses toiles en Russie surtout aux expositions des Ambulants, à celles du Monde de l'art de Diaghilev, de la Société des Trente-Six, de la Société des artistes russes, etc. La Crimée occupe une place importante dans l'œuvre de Korovine. En effet à Gourzouf l'artiste a fait construire selon son projet une datcha avec un étage qu'il a baptisée «Salambo», un nom inhabituel pour la Crimée mais en souvenir de son travail réussi sur les décors du ballet «Salambo» d'après le roman de G. Flaubert. Cette datcha fut très fréquentée par I. E. Repine, V. I. Sourikov, A. M. Gorki, A. I. Kouprine, D. N. Mamine-Sibiryak, F. I. Chaliapine. Dans les années 1910-1917, l'artiste y a vécu et beaucoup travaillé. Pendant la première guerre mondiale, Konstantin Korovine a travaillé comme consultant en camouflage au quartier général de l'armée russe.
Après la Révolution d'Octobre, il se dévoue activement à la conservation des œuvres d'art du patrimoine menacées par les événements et sauve de la destruction des tableaux de peintres emprisonnés, organise des ventes de toiles et des expositions en faveur de prisonniers politiques, tout en continuant à travailler pour le théâtre. Son amitié avec Fédor Chaliapine dure plus de trente ans. En 1923, il émigre en France avec l'aide de Lounatcharski, commissaire du peuple à l'instruction, son activité principale restant le théâtre. Il participe à plusieurs expositions d'artistes russes à Paris, dont une exposition personnelle en 1929. Il a écrit plus de quatre cents récits qu'il a publiés dans les éditions parisiennes: «Russie Illustrée» et «Renaissance».