Constantin Somov
Né d'un père historien de l'art et conservateur au musée de l'Ermitage, Constantin Somov s'intéresse très tôt à l'art et à la musique du xviiie siècle. Entre 1888 et 1897, il étudie la peinture à l'Académie impériale des beaux-arts et fréquente pendant trois ans l'atelier d'Ilia Répine avec Igor Grabar, Philippe Maliavine, Anna Ostroumova-Lebedeva. Il affectionne en particulier l'art rococo, à la manière de Fragonard et de Watteau, et privilégie la peinture à la gouache. Il se lie pendant ses études avec Alexandre Benois, Serge Diaghilev et Léon Bakst et se rend avec eux à Paris en 1897. Somov fréquente alors les ateliers de Whistler et de l'Académie Colarossi. Lors de leur retour en Russie, Somov contribue par ses illustrations à la revue Mir Iskousstva que ses trois compagnons fondent en 1899.
Pendant les années 1910, Somov illustre les œuvres d'Alexandre Blok et réalise notamment une série de personnages de la commedia dell'arte. Ses peintures sont exposées en France, au Salon d'automne de 1906, et en Allemagne, où une première monographie lui est consacrée en 1907. Somov a également conçu 3 pièces figuratives pour la manufacture impériale de porcelaine. Élégantes et coquettes, elles comptent parmi les meilleures œuvres produites par la manufacture au début du XXe siècle. Il devient membre de l'Académie impériale en 1913 et il est nommé professeur à l'École des beaux-arts de Pétrograd (Saint-Pétersbourg) en 1918. Il demeure au 97 perspective Ekaterinhofski (aujourd'hui perspective Rimski-Korsakov) de 1887 à 1923.
A partir de 1910, Somov a vécu une vie presque familiale avec son ami Methodius Georgievich Lukyanov (1892-1932), qui a servi d'artiste et de modèle permanent pour les portraits. Ils acquièrent une ferme dans le village normand de Granville. Pendant la Première Guerre mondiale, il a eu une romance de deux ans avec l'écrivain anglais Hugh Walpole.
Somov accueillit intialement la révolution russe de 1917 avec beaucoup d’enthousiasme. Mais ses conditions de vie se sont progressivement détériorées : dans un premier temps, son appartement a été nationalisé, et à la fin l'artiste en a été complètement expulsé. Somov trouvait la Russie soviétique « absolument étrangère à son art ». En 1923, il émigra aux États-Unis où il se rendit en tant que représentant officiel de l'exposition russe. Il ne resta qu'un an dans ce pays qu'il déclara incompatible avec son tempérament artistique. Il s'installa alors à Paris, où il illustra entre autres Manon Lescaut, Daphnis et Chloé et les poèmes de Pouchkine. Vers la fin de sa vie, il peint surtout des portraits. Au cours de sa dernière décennie, il a aussi créé de nombreuses œuvres au contenu homoérotique. Pour la maison d'édition "Trianon" en 1929-31. Somov a illustré Manon Lescaut et Daphnis et Chloé. Pour son ami (et exécuteur testamentaire) Mikhail Braikevich, il créa quatre portraits de l'héroïne du roman les liaisons dangereuses en novembre-décembre 1934 - ce fut sa dernière œuvre.
Les peintures de Constantin Somov connaissent un regain de popularité au début du xxie siècle et leur valeur sur le marché de l'art s'est en conséquence beaucoup accrue. Ainsi le 14 juin 2007, son paysage intitulé L'Arc-en-ciel (1927) a été vendu 7,33 millions de dollars chez Christie's.