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Dimitri Merejkovsky

Dimitri Merejkovsky est un écrivain et critique littéraire russe. Il est l’auteur de romans historiques et figure parmi les écrivains les plus lus et les plus célèbres du début du XXe siècle. Ami de Nicolas Berdiaev, proche des socialistes révolutionnaires, il espérait réconcilier Jésus et la révolution et faire de la religion l'âme du socialisme. Sa trilogie "Le Christ et l’Antéchrist" (1905) lui apporta une gloire mondiale. Fuyant la terreur bolchévique, il s’installa à Paris en 1921 pour y demeurer jusqu’à la fin de ses jours. Son épouse Zinaïda Hippius partageait ses opinions et fut surnommée par Léon Trotski « la Sorcière ». Comme son mari, elle accueillit avec faveur la chute du régime impérial avant de vouer aux bolchéviques une haine absolue ainsi que l'atteste son singulier "Journal sous la terreur" (Anatolia, 2006). Ils écrivirent à trois des essais philosophico-politiques avec Dimitri Philosophoff.

Il naît dans une famille de la petite noblesse non titrée dont le grand-père - originaire de Petite Russie - est venu servir au régiment Izmaïlovski à Saint-Pétersbourg, sous le règne de Paul Ier. Son père, Sergueï Ivanovitch Merejkovsky (1823-1908) est fonctionnaire et poursuit une carrière dans l'administration de la province d'Orenbourg, puis auprès du grand maréchal de la Cour, le comte Chouvalov. Il prend sa retraite en 1881 avec le rang de conseiller secret. Sa mère, née Varvara Vassilievna Tchesnokoff, qui était fort belle, était la fille du chef de la chancellerie du directeur de la police de Saint-Pétersbourg.

Dimitri Merejkovsky débute par des poèmes pessimistes et publie en 1893 le célèbre manifeste du symbolisme russe : « Des causes de la décadence et des tendances nouvelles de la littérature russe contemporaine », où il s’élève violemment contre le réalisme des années soixante. Se passionnant pour la question de la lutte du christianisme contre le paganisme, il consacre une trilogie romanesque à l’Égypte antique : « La Naissance des dieux » et montre Toutânkhamon, héritier de la couronne, en Crète. Le roman suivant, « Akhénaton joie du Soleil », a pour personnages centraux le pharaon réformateur Akhénaton, premier promoteur d’une religion monothéiste et la danseuse Dio, « la perle des mers du Sud », qui a suivi Toutânkhamon à son retour de Crète et est devenue la maîtresse du pharaon. Le troisième roman, « L’Ombre de celui qui vient », décrit la chute d’Akhénaton, face aux partisans d’Amon qui refusent sa révolution religieuse. Cette trilogie profondément mystique donne par là même une restitution de l’Égypte antique qui apparaît plus authentique, moins « cliché » que la multitude de romans consacrés depuis lors au même sujet.

Une seconde trilogie, « Le Christ et l’Antéchrist » (1895-1904), comporte « La Mort des dieux » qui fait revivre la figure controversée de l’empereur Julien, dit « l’Apostat » par les chrétiens, alors qu’il n’a en fait jamais accepté la religion nouvelle à laquelle il n’avait feint de croire que sous la contrainte. Ce roman restitue de manière remarquable la vie de Julien et l’atmosphère des villes et des camps où sont cantonnées les légions romaines. « La Résurrection des dieux » relate la vie tourmentée de Léonard de Vinci. La lecture de ce roman a marqué Freud : celui-ci s’inspire d’un passage du roman de Merejkovsky évoquant un « souvenir d’enfance » de Léonard (« J’étais couché dans mon berceau, un milan est arrivé près de moi et m’ouvrit les lèvres et à plusieurs reprises y glissa ses plumes comme en signe que toute ma vie je m’occuperais de ses ailes… ») dans son propre ouvrage : « Souvenirs d’enfance de Léonard de Vinci », publié en 1910. « L’Antéchrist » relate le différend tragique entre Pierre le Grand et son fils Alexis que le Tsar fit mettre à mort. Ces romans valurent une grande célébrité à Merejkovsky entre les deux guerres.

Œuvres

  • Le mystère d'Alexandre Ier, Calmann-Lévy, 1922
  • Pierre et Alexis 1902 - traduction de Georges Globa in Saint-Pétersbourg - Omnibus 1995.
  • Le Roman de Léonard de Vinci (La Résurrection des dieux), Perrin Et Cie, 1926
  • L'Âme de Dostoïevski, Gallimard
  • Compagnons éternels, Gallimard, 1930
  • Éternels compagnons de route. Lermontov, Dostoïevsky, Gontcharov, Maïkov, Tioutchev, Pouchkine, Albin Michel, 1949
  • Le Mufle-roi (L'Avènement de Cham), Gallimard
  • Sur le chemin d'Emmaüs, Gallimard
  • Le Règne de l'Antéchrist, Gallimard, 1938
  • Théâtre tragique, Gallimard
  • Dante, traduction de Jean Chuzeville, Albin Michel, 1940
  • Julien l'apostat (La Mort des dieux), traduction de Henri Mongault, Gallimard, 1957
  • Quatorze décembre, traduction de Michel Dumesnil de Gramont, Gallimard 1961
  • L'Antéchrist, Pierre et Alexis, Gallimard
  • Gogol et le Diable, Gallimard
  • Luther, Gallimard
  • Calvin, traduction de Constantin Andronikof, Gallimard, rééd. chez L’Œuvre en 2009
  • Vie de Napoléon, traduction de Michel Dumesnil de Gramont Calmann-Levy Éditeurs 1930
  • Toutânkhamon (La Naissance des dieux), traduction de Michel Dumesnil de Gramont et Victor Loupan
  • Petite Thérèse
  • Le Christ qui vient
  • Jésus inconnu, Traduction Dumesnil de Gramont, Grasset ed.1936 ; réédition L'Âge d'homme, 1995

Théâtre

  • La mort de Paul Ier trad. Paul de Chèvremont, Bossard, 1922
  • Le Tzarévitch Alexis trad. Michel de Gramont, Bossard, 1922
  • Michel Bakounine trad. Michel de Gramont, Bossard, 1922
  • La Joie sera trad. Michel de Gramont, Bossard, 1922

Poésie

  • Les Symboles
  • Saint François d’Assise

Essais

  • Les Causes de la décadence de la littérature russe
  • De Jésus à nous (Paul et Augustin, François d'Assise, Jeanne d'Arc), traduction de Georges Tolstoï et Jean Chuzeville, Albin Michel, 1941
  • Atlantide-Europe, le Mystère de l'Occident
  • Les Mystères de l'Orient (Égypte-Babylone), traduction de Michel Dumesnil de Gramont, l'Artisan du Livre, 1927

Résurrection des dieux

Cet ouvrage publié pour la première fois en 1900 a pour sous-titre "Le Roman de Léonard de Vinci". Il retrace la vie et l'œuvre de ce dernier, génie de la Renaissance et inspirateur de mythes ésotériques et religieux. Ce livre est un succès mondial. Il marquera des générations entières. Il est encore considéré de nos jours comme un chef-d'œuvre de la littérature classique. Freud s'en inspire pour écrire "Un souvenir d'enfance" de Léonard de Vinci et le classe dans ses dix ouvrages préférés. Il s'inscrit dans une série que l'on pourrait nommer "La vie des dieux". En effet, elle comporte également les ouvrages "La Naissance des dieux", sous-titré Toutânkhamon en Crète; "La Mort des dieux", sous-titré Julien l'Apostat.