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Ivan Chmelev

Issu d'une famille de marchands moscovites vieux-croyants, il entre à l'Université de Moscou en 1894. Il obtient un diplôme de la Faculté de droit de l'Université impériale de Moscou en 1898 et sert dans l'armée pendant un an. Pendant huit ans, il est fonctionnaire chargé de missions spéciales à la Chambre du Trésor du ministère de l'Intérieur de la ville de Vladimir. Sa première nouvelle "Près du moulin" parait en 1895. Cette même année il se marie avec Olga Alexandrovna Okhterloni et visite pendant sa lune de miel le Monastère de Valaam, qui lui inspire un livre "Sur les falaises de Valaam". Celui-ci fut un échec, et Chmelev cessa d'écrire jusqu'en 1905. Il acheva l'université en 1898, et passa plusieurs années comme fonctionnaire dans les provinces de l'empire.

Il publia des nouvelles (Désintégration, 1907, et Le Citoyen Oukleïkine, 1908) qui furent remarquées et le firent entrer dans les milieux littéraires. En 1909, il entra dans le cercle littéraire "Mercredi" moscovite, où il côtoya entre autres Gorki et Bounine. En 1911, son roman "Garçon de restaurant" lui valut une nouvelle et très grande notoriété. De 1912 à 1914 il écrivit de nouveau des récits et des nouvelles, dont la plus célèbre est "La Face cachée" (1916). S'il vit avec enthousiasme la révolution de février 1917, qui répondait à ses préoccupations sociales, il rejeta fermement celle d'Octobre. Il s'installa en Crimée en 1918, où il vécut la terreur rouge et la funeste famine de 1921 à 1922. Il raconta ces événements plus tard dans "le Soleil des morts", journal d'un homme qui est en quelque sorte son double, que beaucoup considèrent comme son chef-d'œuvre. Le couple a eu un fils unique Sergueï (06/01/1896 - janvier 1921). Sergueï était étudiant à l'Université de Moscou, s'est porté volontaire au front pendant la Première Guerre mondiale, puis a participé au Mouvement blanc. Pendant la Terreur rouge en Crimée, il a été abattu. Le sort tragique du fils de l’écrivain a été évoqué par Nikita Mikhalkov dans la série Russes sans Russie. Chmelev partit alors en exil à Berlin et, comme beaucoup d'écrivains qui formèrent une communauté unie dans la dénonciation du nouveau régime communiste, s'installa en France en janvier 1923.

Déraciné, en manque de reconnaissance comme la plupart des écrivains émigrés, il trouva cependant de nouvelles forces et se fit un devoir de témoigner des malheurs de la Russie. Il publia en 1923 "Le Soleil des morts", qui fut salué par Thomas Mann et longtemps interdit en URSS. Après plusieurs livres et récits de veine anti-bolchévique ("Histoire d'une vieille", 1927 ; "La Lumière de la Raison", 1928) qui décrivaient la vie des émigrés russes à Paris, il se tourna avec les années 1930 vers des évocations du passé heureux et perdu, le sien et celui de la Russie, culminant avec "L'Année du Seigneur" (1928-1944) et "Le Pèlerinage" (1931). "Les Voies célestes", sa dernière œuvre qui paraît résumer toutes les autres, est restée inachevée après une première partie parue en 1946. Sous l'occupation, il a collaboré avec le journal russe pro-hitlérien Parijsky Viestnik - Le Courrier de Paris (Парижский вестник).

Il a activement soutenu l’attaque de l’Allemagne nazie contre l’URSS. L'historien Sergueï Melgounov écrivait dans son journal du 27 juillet 1941 : « Chmelev le dit : Dieu est avec le Führer ». Aussi les dernières années de sa vie se passèrent dans la maladie, la pauvreté et la solitude. La plupart de ses connaissances lui tournèrent le dos. Mark Vichniac, l'un des éditeurs de la revue « Les Annales contemporaines », a écrit : " Je n'ai pas été témoin du tournant de Shmelev vers Hitler en tant que libérateur de la Russie et je n'aborde pas cette période regrettable car elle ne peut provoquer qu'une indignation évidente" . Il décéda au monastère de l'Intercession de la Mère de Dieu de Bussy-en-Othe des suites d'une crise cardiaque et fut enterré au cimetière orthodoxe russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Ignoré ou censuré sous le régime soviétique, il fut redécouvert comme beaucoup d'autres émigrés à la faveur de la chute du régime communiste à la fin des années 1980. Réhabilité dans la mémoire nationale, ses restes furent transférés en 2000 en Russie comme il l'avait lui-même souhaité. Il repose au monastère Donskoï de Moscou.