Princesse Mathilde Kschesinska Romanovsky-Krasinsky
Fille d'un danseur polonais, Felix Adam Valerian Krzesiński (1823-1905), issu d'une famille noble, elle étudie à l'École impériale de ballet de Saint-Pétersbourg. En 1890, elle entre au théâtre Mariinsky et y reste jusqu'en 1917. Elle est nommée prima ballerina en 1893, puis prima ballerina assoluta deux ans plus tard. Elle est l'une des premières danseuses russes à se former à l'école italienne auprès d'Enrico Cecchetti. Célèbre pour ses nombreux rôles dans les ballets de Marius Petipa, elle allie virtuosité, don de comédienne et talent dramatique. À partir du printemps 1890, elle entretient une liaison avec le tsarévitch Nicolas Alexandrovitch (futur Nicolas II) auquel elle fut présentée par l'empereur Alexandre III en personne lors d'un bal à la célèbre Ecole impériale de ballet de Saint-Pétersbourg. En 1894, année du décès d'Alexandre III, le futur tsar Nicolas II se prépare à épouser la Princesse Alix de Hesse-Darmstadt, rompt avec elle et demande au grand-duc Serge Mikhaïlovitch, président de la société des Théatres impériaux de veiller sur elle. Elle part en tournée à Monte-Carlo, puis en Pologne. Elle revient en Russie au moment du couronnement de Nicolas II et poursuit une brillante carrière. Elle n'oublie pas de soutenir ses collègues talentueux, notamment Anna Pavlova, Tamara Karsavina, et la future étoile Vatslav Nijinski, avec lequel elle travaille ses portés. En automne 1901 elle effectue un voyage en Europe avec le grand-duc de Russie André Vladimirovitch. En juin 1902 nait son fils Wladimir Sergueevitch, deux mois après elle revient sur scène.
A cette époque débutait au théatre Marinsky l'ère Fokine, celle des expérimentations, des transformations rendant la choréographie classique plus libre et plus expressive. Mathilde était de formation classique et s'adaptait avec difficulté aux nouveautés mais prenait part aux mises en scène de Fokine. En 1911 elle fut invitée en tant que soliste par Serge Diaghilev et en cinq semaines de tournée londonienne participa à neuf spectacles. En 1912 elle participa à la tournée des ballets de Diaghilev à Vienne et à Monte-Carlo.
Pendant la première guerre mondiale Mathilde Kschesinska se produisit sur le front et dans les hopitaux et participa aux concerts caritatifs. Elle dansera pour la dernière fois en Russie en 1917 sur la scène du conservatoire de Pétrograd. Dès l'été elle part avec son fils rejoindre le grand-duc André à Kislovodsk, en 1919 ils sont à Novorossiisk et quittent la Russie pour atteindre la France et sa villa à Cap d'Ail. Ils se marient à Cannes en 1921 (mariage morganatique), le grand-duc reconnaitra le fils de Mathilde Wladimir, qui deviendra Wladimir Andreevitch. En 1926 le grand-duc Cyrille Wladimirovitch lui octroie ainsi qu'à ses descendants, le titre et le nom de famille de princes Krasinsky.
La villa de Cap d'Ail est vendue, ils déménagent à Paris où en 1929, elle ouvre une école de danse qui comptera notamment parmi ses élèves Boris Kniaseff, Yvette Chauviré, Alicia Markova, Tamara Toumanova et Margot Fonteyn, sans oublier Maurice Béjart.
En 1904-1906 elle avait fait construire à Saint Pétersbourg un hotel particulier dans le style Art nouveau, qui sera occupé dans les premières semaines de la révolution de février 1917 par les bolchéviques, qui y installeront le siège du parti. Par la suite cet hotel particulier deviendra le Musée de l'histoire de la politique russe.
Elle écrit ses mémoires, intitulés "Souvenirs de la Kschessinska" (Paris, Plon, 1960) et meurt à Paris en 1971, âgée de 99 ans.