Archevêque Serge (Konovaloff)
Fils d’un Russe émigré en Belgique (Alexis Konovaloff, chimiste) et d’une Hollandaise (Caroline Van Staveren), Serge Konovaloff avait obtenu en 1963 la licence et l’agrégation en philologie germanique à l’Université catholique de Louvain et était devenu, dès 1964, professeur de langues et d’histoire au Collège Saint-Joseph de Woluwe-Saint-Pierre, où il enseigna pendant près de trente ans. En 1968, il épousa Lydia Petrovna Tchernenko, d’origine russe comme lui, qui lui donnera trois enfants.
Il fut donc enfant de choeur, lut et chanta dans la chorale de la paroisse orthodoxe russe de Louvain (fondée dans les années 1920 pour les étudiants russes de l’Université). En 1968, il est ordonné diacre pour ladite paroisse, mais la diminution du nombre de Russes à Louvain (le « Walen Buiten » ayant eu comme dégât collatéral le départ d’étudiants d’origine russe, en majorité francophones, de l’Université) et l’absence de prêtre à demeure amènent à la fermeture du lieu de culte en 1975. Le diacre Serge Konovaloff est alors affecté à une petite paroisse orthodoxe russe à Etterbeek. En 1976, il est promu protodiacre (doyen des diacres) mais, dépourvu de toute forme d’ambition, refuse longtemps l’ordination sacerdotale. Ce n’est que sur l’insistance des paroissiens et de son évêque qu’il accepte d’être ordonné prêtre par Monseigneur Georges (Wagner), le 24 février 1980, pendant la première semaine du grand carême. Tout en continuant à enseigner, il est nommé recteur de sa paroisse etterbeekoise Saint-Panteleimon-et-Saint-Nicolas, charge qu’il cumule, à partir de 1984, avec celle de la paroisse russe de Charleroi. Dans l’exercice de ces fonctions (de même que celles d’aumônier du mouvement de jeunesse russe des « Vitiaz » en Belgique et en France), il gagne une grande estime de la part de ses ouailles et devient un conseiller spirituel apprécié. Dès sa nomination à la tête de cette paroisse, le père Serge met tout en œuvre pour redynamiser de manière active la vie paroissiale. Il édite un bulletin paroissiale bimestriel et prévoit des services tous les samedis soir, dimanche matin et jours de grande fête. Cette régularité dans les services va attirer dans la paroisse de nombreux paroissiens mais également occasionnellement de nombreuses autres personnes, provenant d’autres juridictions, souhaitant se ressourcer, demander conseille et apprendre la vie liturgique. Monseigneur Basile (Krivocheine) de Bruxelles (patriarcat de Moscou) recommandait d’ailleurs ouvertement le Père Serge à des gens en besoin de spiritualité et de conseil.
La personnalité du Père Serge qui était au-dessus des conflits juridictionnels, s’est bien reflétée lors des funérailles de sa matouchka le 10 Août 1984, où concélébrait des membres du Patriarcat de Moscou, de Constantinople et de l’église Hors-Frontières. Pour essayer de briser ces barrières juridictionnelles, le père Serge voulait créer une école de catéchèse orthodoxe pour enfants, toutes juridictions confondues. Ce rêve, néanmoins béni et approuvé par les différents hiérarques de cette époque, n’a malheureusement jamais vu le jour. Le père Serge faisait également partie de la chorale « Spassky », qui rassemblait des personnes provenant de toute juridiction confondue.
Le décès prématuré de son épouse en 1984 et les voeux monastiques qu’il prononce en 1990 en font un candidat potentiel à l’épiscopat (dans l’Église orthodoxe, des hommes mariés peuvent être ordonnés au sacerdoce, mais les évêques sont choisis parmi les moines), même si cette dernière éventualité, loin de sourire à Serge Konovaloff, lui apparaît plutôt comme une « punition imméritée ». Les craintes du père Serge (devenu, entre-temps, archimandrite et doyen pour le Benelux de paroisses du diocèse) se réalisent : au décès, en avril 1993, de l’archevêque Georges Wagner, il est pressenti pour succéder au défunt. Ayant accepté cette responsabilité par obéissance, c’est avec abnégation que l’archevêque Serge (également devenu recteur de la Cathédrale Saint-Alexandre-Nevski et de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris, membre de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France et du Conseil des églises chrétiennes en France) assumera, durant près de dix ans, la direction de son vaste diocèse (une soixantaine de paroisses situées en France, au Benelux, en Allemagne, en Italie et en Scandinavie). L’époque était pleine de changements prometteurs pour l’Église orthodoxe mais, de ce fait, difficile.
L’archevêque Serge renforça l’autonomie de son archevêché au sein du patriarcat de Constantinople en obtenant, en 1999, le rétablissement de son statut d’« exarchat » (province ecclésiastique relevant du patriarcat sans intermédiaire). Enfin, grâce à ses qualités de simplicité et de bon sens, Mgr Serge Konovaloff – peu préparé, au départ, à diriger une entité aussi vaste et diversifiée (aux paroisses purement russes, venaient s’ajouter des communautés mixtes voire entièrement occidentales) – réussit à rassembler les représentants des divers courants de pensée de son archevêché et à y préserver une paix et une cohésion inégalée.